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 VHS - Rebecca

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MessageSujet: VHS - Rebecca   VHS - Rebecca Icon_minitimeLun 8 Nov - 18:15

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D’influence nettement plus expressionniste que la période anglaise, Rebecca est réalisé en 1940 et constitue le premier film de la période américaine. Adaptation très fidèle d’un best-seller de Daphné Du Maurier, le film est une sorte de conte gothique qui pourrait ressembler à celui de Cendrillon : l’histoire d’une jeune fille désœuvrée arrachée des griffes d’une effrayante figure maternelle par un homme riche et veuf qui l’emmène vivre dans une magnifique propriété anglaise. Pourtant, la jeune seconde épouse devra faire son lot des souvenirs liés à la première femme, Rebecca De Winter, qui hante encore les lieux de son absence mythifiée. L’un des membres du personnel de maison, Mrs Danvers, personnage duel, s’attache tout particulièrement à raviver constamment les souvenirs liés à la défunte, entretenant de manière fanatique l’idée de sa présence éternelle parmi le monde des vivants.





Dès la première scène de confrontation, la servante se distingue rapidement du reste du personnel de maison. Surgie de nulle part et placée en avant de ce bloc de serviteurs obstruant l’entrée de la jeune mariée, elle est toute vêtue de noir, marquant paradoxalement l’idée d’un deuil, et son teint particulièrement diaphane lui donne immédiatement l’allure d’une revenante. Le spectateur, quant à lui, est impressionné et fragilisé, car amené en premier lieu à s’identifier rapidement à la nouvelle venue, la caméra adoptant son point de vue subjectif. Tandis que la servante s’approche doucement de la caméra, envahissant progressivement le cadre entier, son expressivité frappe, tant son regard fixe et dur est dénué de toute bienveillance. La jeune épouse est totalement impressionnée, à la fois effrayée et fascinée par cette étrange créature qui glisse sur le sol et qui n’est pas sans rappeler le mythe de Nosferatu. Mrs Danvers la vampirise d’ailleurs instantanément ce qui provoque immédiatement une ambiguïté sexuelle entre les deux femmes. Une véritable scène de séduction et de galanterie masquées débute : troublée par sa présence, la jeune femme laisse malencontreusement tomber ses gants à ses pieds. L’échange de regard qui a lieu entre les deux femmes filmées toutes deux de profil, tentant ainsi de dissimuler la part obscure de leurs désirs, est équivoque. Mrs Danvers semble attendre les ordres de la nouvelle maîtresse de maison qui, se baissant en même temps pour ramasser les gants, refuse indirectement cet ordre hiérarchique qui les aurait toutes deux conduites à l’érotisation de leur relation selon un rapport dominant/dominé.

L’occupation de Mrs Danvers a donc une double fonction, celle de lui conférer un statut professionnel autant que de la satisfaire sur le plan libidinal. Personnage dangereux, elle détourne à son avantage la servitude à laquelle elle semble finalement se prêter. Son corps, rendu à sa plus violente inutilité, se résume donc à une ombre fantomatique, souvent en hors champ, clairement déshumanisé. Contrairement à la seconde Mme De Winter, nous ne la voyons jamais manger, dormir, boire et même marcher, ce qui l’aurait humanisée. Ses propres nourritures physiques et psychiques se suffisent donc aux souvenirs et à la nostalgie de Rebecca. L’arrivée de la seconde épouse vient raviver son inconsolable mélancolie. La jeune femme, incapable de la moindre autorité, représente la victime idéale pour Mrs Danvers qui peut assouvir ses pulsions sadiques avec une évidente satisfaction. Elle retourne le déterminisme social qui faisait d’elle une dominée pour devenir à son tour dominante : « la haine s’exerce contre l’objet de substitution, le maltraitant, l’avilissant, le faisant souffrir et trouvant un plaisir sadique à cette souffrance » [1]. Paradoxalement, la jeune héroïne entretient l’exacerbation de la passion de Mrs Danvers en tentant malgré tout de se substituer à Rebecca et au désir qu’elle lui portait.



À l’image du personnage de Bruno dans L’Inconnu du Nord-Express qui apparaît tel une tâche noire sur les marches blanches du Capitole de Washington, Mrs Danvers est aussi souvent filmée à distance, comme un insecte dont la petitesse morale lui permet de s’infiltrer partout, jusque dans l’intimité constamment menacée de sa victime désignée. Dans le plan qui suit la fameuse scène de découverte de la garde-robe de Rebecca sur laquelle nous reviendrons ultérieurement, le corps infiniment sombre de Mrs Danvers semble polluer la blancheur immaculée de la pièce. Le cadre, particulièrement large, laisse se déployer toute la démesure architecturale de la chambre de la défunte. De grands rideaux blancs ornent la fenêtre principale orientée vers la mer où la première épouse s’est noyée. Ses vêtements d’un noir profond révèlent une réelle inaptitude à pouvoir se confondre à la beauté immaculée de la chambre de Rebecca, traduisant ici un désir frustré et inassouvi.

Pourtant, l’état de blocage de Mrs Danvers contribue à ce qu’elle se laisse peu à peu distancer par la résolution de l’intrigue. Son amour démesuré la dépasse car elle n’est pas capable d’exprimer son attachement autrement que par une dévotion absolue. Son aveuglement résulte d’une admiration éperdue pour Rebecca qui représenterait cette vérité incarnée inconnue des autres, une entité indestructible puisque inatteignable. Cette obsession qui la confine inéluctablement à l’enfermement et au dénigrement de l’autre se fait seul support de l’existence oppressante de ce « hors-champ temporel » qui nous restera inconnu, à savoir la présence passée de Rebecca dans la demeure de Manderley.

Quoi que Mrs Danvers fasse, le spectre de Rebecca rôde et imprègne chaque parcelle de la vieille demeure car elle s’en est faite l’incarnation exclusive, décidée à perpétrer les habitudes de la défunte, et ce jusque dans le choix des menus. De ce fait, sa présence au plan s’estompe, devenant peu à peu fantomatique, pour finalement ne devenir que le propre spectre de l’ancienne maîtresse de maison qu’elle s’attache tant à faire revivre. L’absence totale dans le plan de Rebecca ne lui permet à aucun moment de pouvoir évoluer. Privée de personnage miroir, elle est confinée à la plus totale solitude et à l’incapacité de voir progresser son personnage au gré de l’intrigue. La personnification de Rebecca ne s’effectuant qu’au travers des murs, des objets (une simple initiale brodée sur une serviette filmée en gros plan suffit à signifier sa présence) ou des vêtements. Mrs Danvers se fige peu à peu, désinvestie par le temps présent.

Ainsi, en cassant le précieux Cupidon, la seconde Mme de Winter n’imagine pas consciemment qu’elle vient de détruire un symbole physique évident de l’amour et de cet attachement qui lie désespérément Mrs Danvers à Rebecca. Sa volonté de dissimuler le délit en cachant les morceaux de la statuette au fond d’un tiroir prouve son incapacité à assumer cet acte de destruction qui n’est rien d’autre qu’un acte manqué. L’importance que porte la gouvernante à la résolution de cette affaire témoigne de son désespoir de voir disparaître l’objet de transfert d’un amour sublimé, moyen pour elle de canaliser une pulsion amoureuse réprimée par le puritanisme. Mais cet amour n’est qu’un fragile édifice qui n’appartient qu’au domaine du passé et que Mrs Danvers, seule à l’entretenir, tente par tous les moyens de ramener à la réalité du présent.

Dans une des célèbres scènes à franche connotation érotique, Mrs Danvers encourage la nouvelle épouse à découvrir la garde-robe de Rebecca : successivement, la servante, toujours positionnée au centre du plan pour asseoir sa domination sur la jeune femme, se caresse le visage avec la manche d’un manteau de fourrure, et fait apparaître sa main à travers un déshabillé transparent dont elle précise que Rebecca le portait devant elle. Toute cette gestuelle prend davantage une résonance symbolique avec les ouvertures successives de rideaux et de portes de placard, autant de mouvements à forte connotation sexuelle. Lorsqu’elle ouvre la penderie pour en sortir le manteau de fourrure avec lequel elle se caresse, Mrs Danvers écarte symboliquement les jambes de Rebecca pour atteindre sa « fourrure », entendons par là, sa toison sexuelle.



Mrs Danvers retourne sa frustration contre la seconde épouse de Winter, mais cet acharnement cache davantage une détresse. En effet, la nouvelle venue ravive la peine de Mrs Danvers en représentant une nouvelle réalité : la présence de la jeune femme menace directement le spectre de Rebecca. Dans un moment de dépit, Mrs Danvers pousse l’identification au paroxysme en incitant, à son insu, la seconde femme à porter la même robe que Rebecca lors d’un bal costumé. Ainsi, la menace d’une nouvelle disparition de Rebecca est annulée puisque la seconde épouse devient le corps manquant de Rebecca. Le personnage interprété par Joan Fontaine imagine ce que doit être sa propre vérité au travers de ce qui devrait être son principal personnage-miroir, c’est à dire Maxim son mari. Elle comprend en quoi elle a laissé Mrs Danvers dénigrer son individualité, aveuglée par l’obsession de ranimer le spectre de Rebecca et de réduire l’enveloppe charnelle de la nouvelle épouse à un outil de substitution.

Mais pour Mrs Danvers, « Je est un autre », et cet « autre », en l’occurrence, est l’ombre de Rebecca si présente dans cette mise en scène aux aspects expressionnistes, marquées par la découpe d’ombres mouvantes sur les murs démesurément grands de la demeure. Elle délègue son pouvoir et sacrifie son individualité pour tenter de faire exister Rebecca. Elle finira par devenir l’ombre et le souvenir d’elle-même.

Dès lors que les circonstances de la mort de Rebecca sont élucidées, Mrs Danvers devient de plus en plus inquiétante, le regard fixe et déshumanisé, éclairé à la lueur d’une timide bougie (symbole de la défunte Rebecca) au sein de la grande demeure plongée dans l’obscurité la plus totale. Son corps sombre se fond totalement dans la nuit alors que son visage, dont l’expression figée appelle à la possession, glisse du bord cadre droit vers le gauche. La présence du hors champ y entretient une fois de plus le suspense. Son ultime geste est uniquement perceptible via le regard de l’autre. Selon un champ contrechamp subtil, on ressent le danger grâce à l’inquiétude de Maxim qui finit par s’interroger sur l’origine de la grande lueur apparue au loin, en plein milieu de la nuit. Lorsqu’il arrive, la propriété est déjà en flammes et sa seconde épouse le rejoint saine et sauve, expliquant que Mrs Danvers, devenue folle, a mis le feu au bâtiment. Cet incendie gigantesque est la métonymie parfaite de cet enfer qu’elle incarnait et de la passion qui la brûlait jusqu’ici et qui répond, par sa complémentarité, à l’eau dans laquelle s’est « noyée » Rebecca. Elle n’a jamais pu assouvir ce désir incandescent qui est finalement venu à bout de sa personne.

Ce suicide est pour elle le seul moyen d’exacerber la violence de son amour pour Rebecca, la seule alternative possible lui permettant de formuler cette passion sexuelle. La mort emporte Mrs Danvers dans l’ancienne chambre de Rebecca lorsque les poutres en flammes s’effondrent d’un coup sur son visage extatique. Le fait qu’elle disparaisse dans cette pièce n’est pas anodin : cet espace réservé à l’intimité, et donc à ce qui demeure caché, rend compte de cet amour clandestin qui unissait les deux femmes. Le dernier plan du film se resserre sur l’oreiller du lit sur lequel est brodée l’initiale de Rebecca. Un sentiment étrange se diffuse : celui d’une hésitation entre la certitude que tout cela est bien fini et l’angoisse du retour prochain de la première épouse symboliquement tuée plusieurs fois.



Manderley, brasier de cette passion, était donc prédestiné à disparaître et à se consumer puisque le feu n’y était qu’éteint momentanément, prêt à se rallumer à tout instant. La souffrance individuelle de Mrs Danvers n’est jamais directement abordée dans Rebecca. Selon le souhait d’Alfred Hitchcock, elle est représentée telle une sorcière maléfique et menaçante, totalement déshumanisée. Pourtant, ce suicide sur lequel le film vient se conclure est un témoignage bouleversant d’une femme incapable de rattraper et de dompter son désir pour une autre femme, d’atteindre cette ombre constamment magnifiée par les relents expressionnistes de la mise en scène. Constamment précédée par son propre désir, sa volonté de raviver le spectre de Rebecca est une quête obsessionnelle sans fond et sans fin dont l’insatisfaction probable la conduit irrémédiablement au don total, à la négation de son individualité. Son acte relève de la tragédie au sens antique puisqu’il réfute toute forme de rationalisme, amenant Mrs Danvers jusqu’au bout de son destin. Seule guidée par ses sentiments, aveuglée par ses obsessions, incapable de la moindre objectivité sur la personne de Rebecca, elle devient un personnage tragique en allant jusqu’au bout de son destin exceptionnel afin de se libérer de ses conflits intérieurs.
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